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Beaucastel Châteauneuf-du-Pape 2017, entre élégance et puissance

by Alexandre FRÉMIOT, passionné de vin | @Les-Vins-d’Alex

Château de Beaucastel, l’héritage de Jacques Perrin

Dans la Vallée du Rhône, Jacques Perrin était au vin ce que Jean-Paul Belmondo était au cinéma français ; un monument, mais également un père et un grand-père, la personne vers qui l’on se tourne lorsque l’on a des doutes et que l’on se demande si la décision que l’on a prise est la bonne, une personne motivante et qui par son parcours de vie et sa réussite nous inspire. Voilà l’héritage que Jacques Perrin laisse à cette famille, cette même famille qui a permis au Château de Beaucastel de gagner nombre lettres de noblesse.

Situé en Vaucluse sur la mythique appellation de Châteauneuf-du-Pape, le Château de Beaucastel produit une des plus belles cuvées posthumes de l’hexagone et même du monde, « Hommage à Jacques Perrin ».

Véritable pionnier de la viticulture, Jacques Perrin a été un des premiers à mettre en place des techniques agricoles biologiques dès les années 1950 et bio-dynamiques à partir de 1974.

Beaucastel, Châteauneuf-du-Pape rouge 2017

Un terroir de 13 cépages

Cet été à l’occasion d’un repas de famille, j’ai eu l’opportunité de goûter à quelques reprises leur Châteauneuf-du-Pape rouge 2017 ! Une expérience résolument incroyable et hors du temps sur laquelle je souhaitais revenir ici et que j’avais à cœur de partager avec la communauté de Bottl. ! 

Avec son terroir de galets roulés en surface, et d’argiles, sables et calcaire en profondeur, propre aux régions viticoles de la Provence et du Languedoc, ce domaine de 110 hectares d’un seul tenant peut s’enorgueillir d’être l’un des seuls à assembler les treize cépages de l’AOC pour élaborer son rouge, à savoir Grenache (30%), Mourvèdre (30%), Syrah (15%), Counoise (10%), Vaccarèse, Terret noir, Muscardin, Clairette, Picpoul, Picardan, Bourboulenc, Roussanne (10%) et Cinsault (5%).

Pour l’anecdote, 2017 a été l’année la plus sèche en 30 ans. Malgré les faibles rendements en raison des aléas climatiques, les raisins sont de grande qualité et présentent un potentiel aromatique élogieux.

Rituel pour une dégustation d’exception

Que je le veuille ou non, depuis ma première expérience avec Beaucastel, le rituel reste le même, quel que soit le millésime de ce vin rouge d’exception.

Une fois la bouteille soulagée de son bouchon de liège que je dépose systématiquement dans une Dame-Jeanne qui me permet d’exhiber fièrement ma collection de bouchons qui me renvoient chacun systématiquement à un moment bien précis, je verse avec minutie le contenu de ce somptueux breuvage à la robe rouge grenat et aux reflets violines dans la paraison de mon verre.

Je l’oxygène avec douceur, je le porte à mon nez, et il suffit de quelques instants pour que je m’imagine dans cette publicité qui a bercé ma jeunesse d’enfant un peu trop gourmand, celle où cet instituteur de flûte, las d’une journée à écouter ses élèves jouer faux et qui n’attendait, qu’une unique chose : se délecter d’une barre chocolatée qu’il gardait dans sa veste depuis le début du cours : un Kinder Maxi pour enfin se retrouver sur un nuage enrobant, comme peut l’être le Château de Beaucastel ! Mais si ! Vous n’avez pas pu passer à côté de ce spot, l’un des plus célèbres de la marque Ferrero.

Au nez et en bouche

Équilibre maîtrisé entre puissance et élégance, son nez offre un bouquet aromatique riche aux notes surprenantes de fruits rouges comme la groseille, l’airelle, la framboise, la fraise, la cerise ou encore la prune. On détonne également des notes d’épices (poivre noir/réglisse) et de cacao. La bouche, quant à elle, est subtile et structurée. C’est un vin puissant et légèrement acide mais suffisamment assez pour cette acidité se mêle harmonieusement aux tannins.

Ce 2017 a de la longueur, ce qui nous permet d’apprécier encore plus longtemps ces notes florales et fruitées qui participent sans aucun doute à la grandeur de ce vin. Je suis ainsi sous l’emprise de ce Beaucastel de 2017, tel le cobra aurait été séduit par un charmeur de serpents, qui, à l’aide de son pungi, aurait sorti l’animal au sang-froid de son panier, hypnotisé par la mélodie de cet instrument longiforme.

On dit qu’il est toujours préférable d’accorder un plat à un vin qui le met en valeur, qui ne viendra donc pas prendre l’ascendant sur celui-ci et qu’il est par conséquent légitime de vouloir servir ce Châteauneuf avec un gibier de caractère comme un chapon farci aux produits de la forêt (châtaignes, marrons, cèpes) ou encore un chevreuil mariné ou un civet de sanglier.

Pour avoir suivi une formation sur les accords mets-vins proposé par l’AFPA, je trouve que c’est avant tout une question de subjectivité. Libre à vous de vouloir marier un vin avec ce dont vous avez envie parce qu’il faut savoir parfois démystifier la dégustation afin de davantage la démocratiser. Personne ne vous empêche de le prendre avec une pizza 4 fromages, un poisson ou encore un plat de pâtes carbonara, comme a pu me le répéter le père de ma compagne, l’important, ce n’est pas le plat que l’on sert avec le vin mais les personnes avec qui on le partage. 

Pour ma part, je crois avoir le souvenir de l’avoir dégusté avec des tartines à base de rondelles de chèvre sur lesquelles j’avais délicatement ajouté quelques gouttes de miel, un véritable délice ! Et tout ça, en famille !

Retrouvez les dégustations d’Alexandre dans la rubrique J’aime votre robe de notre blog.