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Château Loudenne, le « Château Rose » du Médoc

by Alexandre FRÉMIOT | passionné de vin @Les-Vins-d’Alex

C’est aujourd’hui dans le petit Bordelais que j’ai décidé de vous emmener, plus précisément au cœur du Médoc, dans l’enceinte de l’irremplaçable Château Loudenne.

Château Loudenne, une chartreuse au cœur du Médoc, producteur de grand cru

Le château, appelé localement chartreuse, a été construit en 1670 par une noble famille bordelaise. De par la couleur de ses murs, il est connu en Médoc par les locaux comme étant le « Château Rose »

Riche d’histoire, cet endroit, dans lequel on aimait notamment se retrouver dans les années 1920, est empreint d’une ambiance de romantisme et de liberté, pour dîner, faire la fête, danser et vivre au rythme du charleston, du jazz, de la valse ou du foxtrot. Et, aujourd’hui, il vous suffit d’un claquement de doigt et de simplement fermer les yeux pour vous imaginer les salons du château dans les années folles. Dentelle luxueuse, satin soyeux, plumes, ombrelles et révérence pour les femmes… Costumes sur mesure, monocles, chapeaux et voitures de collection pour les hommes. 

Loudenne, le « Château Rose »

Aujourd’hui, le domaine s’étend sur 132 hectares dont 62 de vignes : 46 ha de Médoc (50% Cabernet et 50% Merlot), 12 ha de blanc (75% Sauvignon et 25% Sémillon) et 4 ha de Bordeaux rouge et, à la veille de ces fêtes de fin d’année, j’ai eu le plaisir de déguster leur Médoc Cru bourgeois de 2016, véritable fer de lance de leur domaine, et que je me ferai un plaisir de vous présenter dans les prochaines lignes. 

Avant de vous faire saliver davantage, il serait intéressant que je vous parle de l’histoire de ce millésime comme elle m’a été contée…

Médoc Cru bourgeois 2016, l’histoire d’un millésime

Puissiez-vous retrouver dans les mêmes dispositions que moi lorsque le verre de ce délicieux nectar effleurera vos lèvres et que ses arômes inonderont tel un raz-de-marée la moindre parcelle disponible de votre nez. Un hiver doux et pluvieux suivi d’un printemps, quant à lui, pluvieux mais frais, qui laisse place à un été chaud et sec et pour se conclure finalement par un automne sec et ensoleillé. Le millésime 2016 est la vitrine parfaite de la palette de climats que peut nous offrir le petit bordelais au fil des saisons. 

Maintenant, place à la dégustation ! Comment ne pas tomber immédiatement en amour de ce vin au premier regard ?

Une robe d’un rouge cerise profond pour ce 53% Cabernet Sauvignon 45% Merlot 2% Cabernet Franc

Au nez, cet étrange sentiment d’attachement, comme si j’étais lié à ce vin, comme si ce dernier m’appelait, reste inchangé. Je suis tour à tour séduit par un nez puissant, sur des notes de cassis, de mûres, de cerise griotte et de prunes puis par une touche d’épices, de réglisse, de chêne, de tabac de vanille et même de pain grillé. Véritable cocktail qui nous invite au voyage dans le temps et à la rêverie ; je me laisse transporter en fermant les yeux, et tout à coup, me voilà m’imaginant en train de marcher dans les jardins d’un château du XVIIIème siècle, m’approchant peu à peu de la salle de réception dans laquelle aurait lieu le bal des débutantes pour la nouvelle saison, ce même bal où le joyau de la saison serait courtisée par les meilleurs partis de toute la région. Parce que c’est aussi ça, l’esprit Loudenne : le charme, l’esthétisme et le goût à travers les années, que ce soit dans l’ambiance du Château et de ses murs ou dans le fond de notre verre. 

Me voilà rappelé à l’ordre par ce que sa bouche a à nous offrir ; une belle austérité typique des vins du Médoc qui s’accompagne néanmoins par ce que les anglo-saxons ont baptisé « la drinkability » ou la buvabilité, que je trouve pour ma part, très prometteuse. S’ensuit une véritable farandole de sensations. C’est un vin étonnamment riche et concentré qui nous propose une densité de matières sans pareil. C’est un vin savoureux, un vin de toutes les occasions. Tantôt en agrément d’un pique-nique automnale tantôt sur une tablée comme on les aime en accompagnement d’une viande rouge grillée comme une côte de boeuf servie avec ses pommes de terres cuites à la cendre et sa sauce à la crème fraîche et à la ciboulette ou encore sur de la volaille comme un poulet mariné au four dans sa sauce au thym.

Nous assistons à travers cette dégustation au savoir-faire des vignerons du petit bordelais tant le niveau des tannins est maîtrisé. Des tannins mûrs et de qualité qui contribuent au potentiel de garde de ce vin d’exception en passe d’évoluer, de se transformer, de s’arrondir et de traverser aisément les âges. Il s’agit donc d’un vin prometteur qui nous réserve son lot de surprises avec en prime une belle finale poivrée sur la fraîcheur et le fruit mûr longue et persistante. Très belle première expérience avec cette région aux caractéristiques si différentes des vins que j’ai l’habitude de déguster.

Merci Alexandre pour ce voyage des sens.
Retrouvez les autres dégustations d’Alexandre Frémiot dans notre rubrique J’aime votre robe.