Christian Anaclet, propriétaire de la cave du même nom, est l’un des commerçants historiques de la populaire rue de Rochechouart, dans le 9ème arrondissement de Paris.
Caviste, c’est ton premier métier ?
CA : Caviste, ce n’est pas mon premier métier : mon vrai métier, c’est cuisinier. J’ai d’abord travaillé dans des collectivités, des banques et même chez Thompson. Puis, je suis devenu chef dans un restaurant, pas loin d’ici, dans le 9ème. J’ai acheté cette cave il y a une vingtaine d’années, alors que je travaillais encore au restaurant. Pendant 8 ans, j’ai cumulé les 2, avec des journées de 18-20 heures, je travaillais même les week-ends, mais ça me plaisait, et puis ça rapportait, j’ai pu rembourser le crédit contracté pour l’achat de la cave. La fatigue a finalement fait son œuvre, et voilà 10 ans que je me consacre uniquement à mon métier de caviste, tout en jonglant avec d’autres petites choses.
Parle-nous un peu plus de la cave Anaclet
CA : Quand j’ai acheté, c’était une épicerie fine, et ça l’est restée durant les 8 premières années. Il y avait déjà pas mal de bouteilles sur les étagères. Au fil du temps, je l’ai progressivement transformée en cave, en supprimant d’abord les produits périssables, puis les produits liés au vin et à l’apéritif, et finalement toute la nourriture.
Pourquoi une telle transformation ?
CA : J’ai l’impression, mais ce n’est que mon avis, que les Français n’aiment pas ce côté « tout au même endroit » chez les commerçants, sauf cas exceptionnel. Quelqu’un qui vend uniquement du vin, c’est un spécialiste, il s’y connaît ; alors que celui qui vend tout, ne connaît rien.
Par ailleurs, ce qui faisait la force du magasin, c’était sa fermeture tardive ; lorsque le supermarché voisin a affiché lui aussi des horaires tardifs, la partie épicerie a perdu son point fort et donc sa rentabilité.
Quelle est ta relation avec le vin ?
CA : Même si caviste n’est pas mon premier métier, le vin est une passion depuis longtemps, qui a mûri au fil des années. J’ai suivi des stages pour améliorer mes connaissances, et pour avoir les bons réflexes, afin de pouvoir vendre la bonne bouteille au bon client. Je fais encore aujourd’hui beaucoup de dégustations professionnelles.
Qu’est-ce que tu vends ?
CA : Je vends des vins de toutes les régions de France. Je pars du principe qu’on ne peut pas se spécialiser sur une seule région ; la variété est très importante dans le vin, il ne faut pas faire sombrer son palais dans la monotonie. Le plus important pour un caviste, c’est de toujours essayer de surprendre, de proposer des choses originales ; très souvent d’ailleurs, le client sera content et reviendra. Je propose aussi des spiritueux, un peu de tout, dont de très belles choses, mais j’ai toujours été plus vins que spiritueux : avec le vin, il y a plus de dialogue.
Quel est ton coup de cœur ?
CA : Je ne peux pas parler de « coup de cœur » concernant mes vins : tous le sont, et aucun à la fois. Je dirais même qu’on ne peut pas avoir de vin « préféré » : si on en a un, on finit par le boire tout le temps, et il perd de son charme. L’important est d’avoir des produits plaisants.
Qui sont tes clients ?
CA : Mes clients sont des clients réguliers, qui reviennent car ils me trouvent sympathique. Il y en a certains que je connais très bien, il faut dire que je suis un des commerçants les plus anciens de la rue, je fais partie des meubles dans le quartier.
Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ce que tu fais ?
CA : J’aime mon métier, le contact humain évidemment ; j’aime la vente aussi, c’est stimulant, je ne me réveille pas le matin en faisant marche arrière, même en ayant des difficultés financières. Et puis j’aime beaucoup ma cave : elle est restée dans son jus, et je considère qu’on n’a pas besoin d’avoir un magasin parfait pour bien faire son travail.
Merci à Christian pour cet échange frais et authentique !
Pour vous rendre à la Cave Anaclet, c’est par ici