by Alexandre FRÉMIOT, passionné de vin | @Les-Vins-d’Alex
Cairanne, les vignobles méridionaux des Côtes du Rhône
C’est cette fois-ci à Cairanne que mes pérégrinations oeno touristiques m’ont amené. Plus précisément au Domaine Brusset, au sein de leurs vignobles méridionaux des Côtes du Rhône.
Brusset, c’est soixante-dix hectares de vignes, cinq appellations prestigieuses (Gigondas, Cairanne, Rasteau, Côtes-du-Rhône et Ventoux), 9 cépages différents mais c’est avant tout, une histoire d’hommes, une histoire de famille.
Depuis 1947, trois générations de la famille Brusset se sont succédé sur le domaine. J’ai eu le plaisir d’être accueilli par Laurent Brusset l’actuel propriétaire, que je remercie chaleureusement pour son accueil, fils de Daniel et petit-fils d’André décédé en 1999. C’est d’ailleurs pour honorer la mémoire de ce dernier qu’une cuvée porte aujourd’hui son nom Hommage à André Brusset, cuvée élaborée à partir de vignes de 80 ans cultivées sur des terrasses argilo-calcaires exposées plein sud.
Mais c’est pour vous parler d’une autre bouteille que je vous écris ces quelques lignes, il s’agit de mon expérience la plus mémorable de ce domaine haut-perché de la ville de Cairanne : Les Hauts de Montmirail, un Gigondas rouge de 2019.
Les Hauts de Montmirail, aux couleurs de Gigondas
Les Hauts de Montmirail, c’est avant tout la rencontre d’un Grenache d’altitude, d’un Mourvèdre et d’un Syrah, cultivés sur des vignes en terrasses, le tout provenant d’un sol argilo-caillouteux sous la grande barre de calcaire jurassique des Dentelles de Montmirail. C’est grâce au calcaire des Dentelles que l’on observe une minéralité distinctive à ce cru très spécifique de la Vallée du Rhône. Ce Gigondas ne fait résolument pas défaut aux caractéristiques de l’appellation et confirme bel et bien l’alliance de la puissance, de l’élégance, de la finesse ainsi que de la fraîcheur d’un tel vin. Une fois récoltés, les grains de raisin sont foulés, éraflés puis fermentés à température contrôlée, cuvés pendant trente jours puis assemblés au mois de janvier. Cinquante pour cent de la production seront ensuite élevés en fût de chênes français neufs pour une période qui variera selon le millésime, le reste le sera en cuve classique.
Ce Gigondas nous surprend déjà positivement pour l’aspect visuel de son contenant mais également pour celui de son contenu. Comme l’ensemble des bouteilles du vigneron et des vignerons membres de l’appellation, celle-ci affiche fièrement le blason du village de Gigondas en relief au-dessus de l’étiquette ; un cor de chasse, emblème des princes d’Orange, qui étaient également seigneurs de Gigondas, dans un écu surmonté de tours crénelées faisant référence aux fortifications de l’époque. Les rameaux d’olivier qui supportent le blason sont un symbole de paix et de félicité. Sa robe est d’un pourpre profond et sombre, presque mystérieux dans lequel nous rêverions secrètement de nous perdre.
Invitation au voyage et valse d’arômes
Le nez et la bouche de ce vin sont une véritable invitation au voyage ; un nez riche, dévoilant un bouquet de fruits rouges comme la fraise, la framboise ou encore la cerise, des nuances d’épices, de poivres, de réglisses et même de cannelle suivi d’un parfum de violettes et enfin de lavandes.
En humant une première fois le fond de mon verre, je m’imagine sillonnant les rues de Cochin au milieu des étalages, en Inde au pays des épices mais après l’avoir délicatement oxygéné en imprimant un doux mouvement circulaire à la base de mon calice des temps modernes, me revoilà sur le continent à deux pas d’un champ de lavandes de ma Provence bien-aimée.
La bouche, quant à elle, nous offre une belle longueur ainsi qu’une belle rondeur, nous sommes donc en présence d’un vin souple, plutôt facile à boire, où ni les tanins ni l’acidité ne se heurtent à la bouche. Une fois le vin au contact de mon palais, j’imagine un orchestre composé de cordes, de bois, de cuivres et de percussions jouant la Valse n°2 de Chostakovitch à la table de dégustation où mon hôte nous a installés ; à chaque percussion se dévoile une saveur nouvelle ; la prune; la mûre ; le chêne ; le chocolat ; la vanille ; le cuir.
Ce concert symphonique de goûts multiples et variés prouve non seulement l’élégance et le raffinement de ce vin mais démontre également que cette cuvée aux allures intemporelles a tout ce qu’il faut pour traverser la décennie en toute sérénité à partir du moment où les conditions de garde sont réunies.
En effet, il vous sera possible de boire ce vin encore dix ans après sa mise en bouteille, même si j’opterai pour une dégustation entre 2024 et 2026 pour s’assurer d’une rencontre au sommet avec ce vin d’exception qu’il est préférable d’ouvrir une heure avant le repas et à servir à température ambiante (14-16°C).
À ce moment-là, il vous sera possible de l’accorder avec une viande grillée ou une viande en sauce, un gibier comme un chevreuil ou un sanglier ou encore un fromage. Je pense même qu’accompagné d’un ami et d’un cigare chacun, les Hauts de Montmirail (à mes yeux, plus belle réussite du Domaine Brusset) ne finirait pas la soirée.
Vous pouvez retrouver d’autres dégustations d’Alexandre dans notre rubrique J’aime votre robe.