Bottl.culture

La conquête des vins espagnols : Rioja, Ribera del Duero, Priorat, Jumilla, Rueda

by Maxime Orus | fondateur de Dondiego.wine

Une passion dédiée au vin espagnol

J’agis par passion. Les vins espagnols m’ont conquis depuis de nombreuses années. Et je ne déclare pas cela parce que du sang ibérique coule dans mes veines, enfin si peut-être un peu ! Cet engouement m’a conduit à fonder Don Diego.wine, exclusivement dédié au vin espagnol. Avec la volonté d’une part de faire découvrir des appellations régionales peu connues en France et d’autre part de proposer des vins plus classiques, déjà établis.

Comme dans la plupart des pays méditerranéens, la vigne est implantée en Espagne depuis plusieurs millénaires. Le savoir-faire et l’amélioration des techniques de production se sont donc transmis de génération en génération de vignerons. A ces relais naturels, s’est ajoutée également l’expérience des producteurs français, notamment de Bourgogne et du Bordelais qui, à des époques différentes, est venue enrichir l’état de l’art local

Par ailleurs, le pays jouit naturellement de terrains et de climats propices à la culture de la vigne. Malheureusement cette lancée a été brisée pendant la dictature de Franco à partir de 1939 qui a eu, entre autres, pour conséquence de mettre le pays à l’isolement et de le plonger dans un marasme économique conduisant l’ensemble de la production espagnole à baisser en qualité.

C’est l’époque des gros volumes de vins assez alcooleux. L’avènement de la démocratie à partir de 1975 puis l’entrée dans l’Union européenne en 1985 ont permis de remettre l’Espagne dans le concert des nations et ont largement permis aux Bodegas de renouer avec la qualité d’antan.

Aujourd’hui et depuis une trentaine d’années, la viticulture en Espagne est en pleine effervescence avec de nouvelles générations de winemaker. La montée en qualité est indéniable. Les grands critiques internationaux encensent les vins espagnols et cela ne date pas d’hier, même en France !

Oui, dans Les Trois Mousquetaires, Alexandre Dumas insiste bien sur une chose, ces épéistes de renom ne jurent que par le vin espagnol. Athos particulièrement en est un réel aficionado. Quant à Louis XIII, le monarque de l’époque, il considère qu’il n’y a de gourmet que le vin d’Espagne, si, si c’est vrai ! Belle preuve s’il en est que ces breuvages d’Hispanie gorgés de fruits et de soleil en ont conquis plus d’un. Les variétés de ses terroirs offrent des vins aux personnalités singulières et l’excellence de la filière viticole continue de s’affirmer à travers rouges, blancs, liquoreux et effervescents. Aujourd’hui, se délecter des vins espagnols c’est s’affirmer en tant que gastronome, ouvert à toutes les subtilités qui s’offrent au palais

Des appellations d’origine : DO, Vino de la Tierra ou DOC

Passés les soubresauts de l’histoire, la qualité du vin espagnol n’a fait que s’améliorer avec notamment la mise en place des appellations d’origine (Denominación de Origen ou DO) en Rioja ou dans la région de Jerez permettant de garantir les fondamentaux qui doivent aboutir à la production de grands vins. Le système des DO a fini par se propager à toute l’Espagne et se structurer en Vino de la Tierra (VT – ou vin de pays), DO, DOCa (Denominación de Origen Calificada) réservée à La Rioja et au Priorat mais aussi Vino de Pago, appellation réservée à un petit périmètre géographique et hautement qualitative. Les grandes appellations que l’on peut citer sont bien sûr Rioja, Ribera del Duero, Cava, Priorat, Jumilla, ou encore Rueda.

La production de vin est assurée par des petites coopératives, des Bodegas industrielles ou des viticulteurs indépendants. Les coopératives étant plutôt dédiées à l’élaboration de vin de table et les autres acteurs aux vins de qualité supérieure.

Des cépages issus de la péninsule ibérique

Outre les appellations, ce qui caractérise les vins espagnols ce sont une quinzaine de cépages propres à la péninsule ibérique et que l’on retrouve dans la très grande majorité des vins d’outre-Pyrénées.

Pour les blancs, les principaux cépages sont le grenache blanc, l’albariño (très en vogue aujourd’hui), le verdejo, le macabeo, l’airén, le palomino fino, qui permet d’élaborer les vins de Xérès, ou encore le Xarel-lo utilisé dans les Cavas.

Pour les rouges, les cépages de référence sont le monastrell (ou mourvèdre) que l’on va retrouver notamment dans les vins de la région de Murcie et de Valence, le grenache, le tempranillo, le cépage phare des Ribera del Duero et des Rioja, le carignan, le mencia ou encore le bobal.

Quand on sait d’où vient le vin espagnol, sa composition et comment sa production est structurée, on a forcément envie d’y goûter ! D’autant plus que les crus vont être très différents d’une région à l’autre. L’Espagne jouit d’un grand territoire qui va lui permettre de proposer des vins volcaniques aux Canaries, des productions aux influences océaniques en Galice, Pays Basque, mais aussi des vins opulents dans les territoires ensoleillés comme Valence, Murcie, ou encore des vins d’équilibre comme en Castille et Léon où se mêlent hivers rigoureux, soleil et altitude. Bref, la mosaïque des terroirs donne la possibilité de concevoir des vins singuliers aux identités propres et ce qui fait tout le charme et l’intérêt des vins espagnols.

Quel avenir pour les vins d’Espagne ?

On va sans doute assister, comme sur d’autres territoires, à une montée en puissance des vins bio et naturels qui restent encore un peu confidentiels. Les exigences du consommateur enclin à consommer moins mais mieux vont favoriser également la montée en gamme des productions viticoles. Ces aspects sont très positifs pour asseoir davantage le statut de référence que mérite l’Espagne en matière de vins. Il faut noter aussi que ce pays bénéficie de coûts de production très compétitifs qui facilitent l’élaboration de grands vins à prix très abordable et cela ça parle forcément au consommateur.

A titre personnel, ce qui me motiverait, c’est une sorte de nouveau « jugement de Paris », comme celui de 1976 où les vins californiens rivalisèrent avec les plus grands vins français lors de cette fameuse dégustation à l’aveugle. Les paris sont ouverts et que les émotions gustatives l’emportent.