By Julien Paturaud, caviste | Intercaves Joué-Les-Tours
La découverte d’une cuvée Régis Descotes, en appellation « Côteaux du Lyonnais »
C’est lors d’un cocktail organisé par un hôtel de Lyon en 2013 (à l’époque où ces manifestations pouvaient avoir lieu !) que j’ai découvert une cuvée de Régis Descotes. Il s’agissait d’un Côteau du Lyonnais, son « tradition », un vin simple et bien fait qui me donnait fortement envie de découvrir ce que pouvait faire ce producteur de Millery, à quelques kilomètres au sud-ouest de Lyon.
Peu de temps après, j’ai donc rencontré Régis Descotes pour découvrir l’ensemble de ses cuvées. Le domaine existe depuis la fin du XVIIème siècle, autant dire qu’un très beau patrimoine viticole nous attend quand s’ouvrent les portes de son chais… Régis est engagé en agriculture biologique depuis 2010 et a à cœur de laisser exprimer un terroir magnifique en accompagnant ses vignes et travaillant ses vins de façon à retranscrire un savoir-faire pluriséculaire.
Plusieurs de ses vins sont en appellation « Côteaux du Lyonnais » avec de jolis rouges dont le Gamay est le seul et unique cépage, cépage roi du Beaujolais situé à quelques kilomètres plus au nord…
Par ailleurs, certaines parcelles ont été replantées avec d’autres cépages tels que la Roussanne, le Viognier et … la Syrah, rappelant que les grandes appellations des Côtes du Rhône septentrionales ne sont vraiment pas loin en direction du sud, le long de la vallée du Rhône… Ces parcelles se situent sur la propriété du château de la Gallée de Millery, monument historique depuis 1926, qui a confié l’exploitation de ses vignes à Régis il y a près de quinze années.
Un chouette personnage ce Régis, vigneron passionné bien évidemment, doublé d’une personnalité simple, singulière et attachante. Ces vins lui ressemblent naturellement. Des rouges donc mais aussi des blancs, un rosé et des bulles qui sont le reflet d’un terroir exploité avec amour et humilité. De cette gamme fort plaisante, un vin attire rapidement mon attention…
La Grande Gallée, « vin de France »,ou l’assemblage de deux cépages rois : Gamay et Syrah
Ce vin est sous l’appellation « vin de France ». Tout simplement. Celui que je découvre est de 2011 et s’appelle La Grande Gallée. Sa particularité tient dans la rencontre imaginée par Régis, celle du Gamay et de la Syrah. Un assemblage loin d’être unique mais suffisamment rare pour déjà attirer l’œil.
Avant même de l’avoir en bouche et de découvrir ce que ce mariage gustatif peut donner, je suis séduit à l’idée de retrouver dans un verre deux cépages « rois » provenant de deux régions géographiques distinctes, plantés sur un terroir faisant office de trait d’union entre les deux, les Côteaux du Lyonnais ou Monts du Lyonnais. Géographe de formation, cette caractéristique me plaît car je trouve fort intéressant en effet, de lier de manière très concrète les aspects géographiques (géomorphologie, terroir, climatologie) à l’ampélographie (étude scientifique de la vigne, des cépages…) en passant inévitablement par le savoir-faire humain et le vigneron qui doit orchestrer toutes ces données.
Comme indiqué précédemment, ces coteaux du Lyonnais se situent effectivement entre la région du Beaujolais, au nord, et le nord de la vallée du Rhône et l’ensemble des célèbres appellation des Côtes du Rhône septentrionales (Côte-Rôtie, Condrieu, Saint Joseph etc…). Une région, un « trait d’union » donc, méconnue, qui recèle un terroir assez exceptionnel propice à l’élaboration de vins originaux et par conséquent, attractif, pour quiconque s’intéresse à la géographie des vins et aux vins eux-mêmes.
La Grande Gallée, une finale légèrement épicée & poivrée
Passée la description du cadre géographique de cette Grande Gallée, intéressons-nous maintenant (enfin, sic !) au vin en lui-même. La robe est belle, d’un rouge oscillant entre des reflets violets et légèrement pourpre avec une intensité délicate. Au nez, de jolies notes de fruits, rouges, mais surtout noirs, le tout étant très bien équilibré. La bouche dévoile un vin tout en finesse où on retrouve facilement des arômes de cassis et de cerise noire. C’est élégant et en même temps assez puissant. La finale est très légèrement épicée, poivrée… Un vrai régal !
A cette époque (2013), je n’étais pas encore caviste mais concepteur de voyages de randonnées pour un tour-operator. Je n’ai eu donc que le plaisir de le faire découvrir à mes amis et ma famille dans un cadre personnel.
Mais depuis près de 9 mois maintenant, je me suis donné la chance de faire de ma deuxième passion, le vin (ma première ayant été les voyages), mon métier. Je suis caviste à Joué-lès-Tours (37) sous l’enseigne nationale Inter Caves. Dans ce cadre, j’ai l’opportunité de sélectionner moi-même une partie des vins que je souhaite vendre et faire connaître. Bien évidemment, j’ai ramené dans mes bagages de Lyon, quelques bouteilles de Régis Descotes ! Et c’est encore plus naturellement que la Grande Gallée s’est retrouvée dans ma cave ! Il me reste encore quelques bouteilles de 2017 et je passe dans les jours prochains au millésime 2018, rebaptisé, les « 3 Thomas » en l’honneur du prénom porté par 3 personnes ayant participé à la renommée du château de La Gallée de Millery.
Ce mariage heureux de la Syrah et du Gamay poursuit sa belle vie et j’ai toujours autant de plaisir à faire découvrir cette jolie bouteille devenue le vin préféré de ma femme…
photo © Fabrice Ferrer